Enlever une tique sur votre chien : Guide pratique et conseils essentiels

 

Introduction aux tiques

Les tiques sont des acariens hématophages obligatoires appartenant à l'ordre des Ixodida, qui représentent des vecteurs d'agents pathogènes d'importance majeure en médecine vétérinaire et humaine à l'échelle mondiale. Ces parasites externes s'ancrent à la peau du chien pour effectuer un repas de sang, une étape indispensable à leur développement et à leur reproduction. L'acte de fixation et d'alimentation constitue le moment critique pour la transmission d'un large éventail de maladies infectieuses, faisant de la gestion des infestations par les tiques une composante non négligeable de la médecine préventive canine. Les tiques peuvent transmettre des maladies graves à votre chien, ce qui renforce l'importance d'une prévention rigoureuse.

En Europe, la faune des tiques d'intérêt vétérinaire est dominée par trois espèces principales, chacune présentant une écologie et une compétence vectorielle distinctes. Ixodes ricinus, la tique la plus répandue sur le continent, est le vecteur principal de la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato, agent de la borréliose de Lyme, ainsi que du virus de l'encéphalite à tiques. Dermacentor reticulatus, ou tique des prairies, est le vecteur reconnu de Babesia canis, le protozoaire responsable de la babésiose canine (piroplasmose). Enfin, Rhipicephalus sanguineus, la tique brune du chien, est un vecteur majeur d' Ehrlichia canis et de Babesia vogeli, et se distingue par sa remarquable capacité à accomplir son cycle de vie complet en milieu intérieur, y compris dans les habitations et les chenils.

La distribution et la phénologie de ces vecteurs sont en pleine mutation. Les tiques colonisent des habitats variés, incluant les forêts, les sous-bois, les zones d'herbes hautes et les parcs urbains, rendant l'exposition des chiens quasi ubiquitaire lors de toute sortie en extérieur. De plus, les modifications climatiques globales, notamment l'augmentation des températures moyennes et la clémence des hivers, ont des conséquences directes et documentées sur la biologie des tiques. Ces changements favorisent une extension de leur aire de répartition géographique vers des latitudes et des altitudes plus élevées, ainsi qu'un allongement de leur période d'activité. La saisonnalité autrefois marquée des risques tend à s'estomper au profit d'une pression parasitaire potentiellement continue tout au long de l'année dans de nombreuses régions. Cette nouvelle dynamique épidémiologique impose une vigilance accrue et une réévaluation des stratégies de prévention et de contrôle pour protéger la santé du compagnon canin. La distinction écologique entre les espèces de tiques est fondamentale ; alors que le risque lié à I. ricinus et D. reticulatus est principalement associé aux activités extérieures, la présence de R. sanguineus introduit un risque endémique au sein même du domicile, un paramètre souvent sous-estimé qui requiert une approche de contrôle environnemental spécifique. Les tiques préfèrent les zones où la peau est plus fine pour se fixer sur l'animal, notamment le cou et les oreilles. Les chiens à poil long sont plus difficiles à inspecter pour détecter les tiques, ce qui nécessite une attention accrue de la part des propriétaires. La piroplasmose provoque la destruction des globules rouges chez le chien.

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Tique fixée sur la peau d'un chien

Table 1: Caractéristiques Biologiques et Vectorielles des Principales Tiques Canines en Europe

Espèce de tique Nom commun Habitat préférentiel Principaux agents pathogènes transmis Particularités écologiques
Ixodes ricinus Tique de la ricin / Tique des bois Forêts humides, sous-bois, zones de végétation dense Borrelia burgdorferi s.l., virus de l'encéphalite à tiques (TBEV), Anaplasma phagocytophilum Très sensible à la dessiccation, nécessite une humidité relative > 80%. Cycle de vie sur trois hôtes différents.
Dermacentor reticulatus Tique des prairies Prairies, pâturages, vallées fluviales, zones ouvertes Babesia canis, Rickettsia raoultii Plus tolérante aux variations de température et à une humidité plus faible que I. ricinus. Activité bimodale (printemps/automne).
Rhipicephalus sanguineus Tique brune du chien / Tique des chenils Milieux intérieurs (maisons, chenils), zones péri-urbaines en climat chaud Ehrlichia canis, Babesia vogeli, Hepatozoon canis, Rickettsia conorii Endophile (cycle de vie complet en intérieur). Monotrope (préférence marquée pour le chien à tous les stades).
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Tique ayant entrainé une réaction inflammatoire

 

Comment enlever une tique chez le chien

La nécessité d'une extraction rapide et techniquement correcte d'une tique fixée repose sur une compréhension fine de la physiologie de son repas sanguin et de la cinétique de transmission des agents pathogènes. Le processus de fixation n'est pas une simple morsure, mais l'ancrage d'une structure buccale complexe, l'hypostome, qui est hérissé de denticules orientés vers l'arrière, assurant une prise solide. Simultanément, la tique injecte via sa salive un cocktail de molécules bioactives, incluant des anticoagulants, des anesthésiques locaux et des substances immunomodulatrices, qui facilitent le repas sanguin en inhibant la coagulation, la douleur et la réponse inflammatoire de l'hôte. C'est ce flux salivaire qui constitue la voie de transmission des pathogènes. Il faut retirer une tique au plus vite dès qu'elle est repérée sur un chien. Il est également important de désinfecter la zone après avoir retiré une tique pour minimiser les risques d'infection.

La transmission de ces agents infectieux n'est généralement pas immédiate. La durée d'attachement est un facteur de risque critique, mais elle varie significativement selon le pathogène considéré. Pour la maladie de Lyme, causée par la bactérie Borrelia burgdorferi, un délai est nécessaire pour que les spirochètes, initialement localisés dans l'intestin moyen de la tique, se multiplient, migrent vers les glandes salivaires et soient inoculés à l'hôte. Des données expérimentales et cliniques robustes indiquent que le risque de transmission devient significatif après 24 à 48 heures de fixation. Ce délai biologique offre une fenêtre d'opportunité cruciale : une tique retirée dans les 24 heures suivant sa fixation a une probabilité très faible d'avoir transmis la borréliose.

Cependant, cette notion de "période de grâce" ne doit en aucun cas induire un faux sentiment de sécurité ou un report de l'intervention. D'autres agents pathogènes majeurs ne suivent pas la même cinétique. Les virus, comme celui de l'encéphalite à tiques (TBEV), ainsi que certains protozoaires comme Babesia spp., peuvent être présents en concentration infectieuse dans les glandes salivaires de la tique avant même le début du repas. Leur transmission peut donc survenir beaucoup plus rapidement, potentiellement en quelques heures seulement après la fixation. Étant donné qu'il est impossible de déterminer a priori les pathogènes portés par une tique donnée, la seule approche médicalement rigoureuse est de considérer toute tique attachée comme une urgence et de procéder à son retrait le plus rapidement possible. Par conséquent, une inspection méticuleuse et quotidienne du chien, particulièrement après chaque exposition à un environnement à risque, est le pilier d'une prévention efficace des maladies transmises par les tiques. L'objectif est de détecter et de retirer toute tique avant qu'elle n'ait eu le temps d'initier la transmission, quel que soit l'agent pathogène en cause. Il faut également surveiller la zone de morsure pendant une semaine après une piqûre pour détecter tout signe d'infection.

 

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Tique retirée

 

Méthodes pour retirer une tique

La procédure d'extraction d'une tique est un acte technique qui doit être réalisé avec précision pour garantir le retrait complet du parasite sans augmenter le risque de transmission de maladies. La littérature scientifique et les consensus d'experts convergent vers une méthode unique recommandée, tout en proscrivant formellement des pratiques populaires mais dangereuses.

La méthode de choix est l'utilisation d'un instrument spécifiquement conçu, connu sous le nom de tire-tique ou crochet à tiques. Cet outil présente une fente qui permet de saisir la tique au plus près de la peau, à la jonction entre les pièces buccales (capitulum) et le corps (idiosome), sans exercer de pression sur ce dernier. Le meilleur outil pour retirer une tique est un tire-tique conçu pour cette tâche. La procédure correcte consiste à engager la tique dans la fente du crochet, puis à effectuer un mouvement de rotation continue, comme pour "dévisser" le parasite. Cette technique exploite la morphologie de l'hypostome : la rotation permet de désengager les denticules rétrogrades de la peau de manière atraumatique, assurant ainsi le retrait de la tique entière, y compris sa tête et ses pièces buccales. Le meilleur outil pour retirer une tique est un tire-tique conçu pour cette tâche. Cette méthode est la plus sûre et la plus efficace pour minimiser le stress du parasite et prévenir la rupture de son rostre. Un petit appareil très pratique, le tire anti-tique, doit se trouver dans la trousse de soins de votre animal pour être prêt à l'emploi en cas de besoin.

À l'inverse, plusieurs méthodes traditionnelles sont à proscrire en raison de leur dangerosité. L'application de produits chimiques ou de substances diverses sur la tique, tels que l'éther, l'alcool, l'huile, le vernis à ongles ou l'application d'une source de chaleur, est formellement contre-indiquée. Ces pratiques agissent comme un stimulus nocif puissant pour l'acarien. En réponse à ce stress, la tique peut déclencher un réflexe de régurgitation de son contenu salivaire et intestinal dans la plaie de l'hôte. Ce phénomène augmente paradoxalement et de manière significative le risque d'inoculation massive d'agents pathogènes. La tique doit être retirée complètement pour éviter des complications. Le principe physiologique sous-jacent est que toute action qui agresse la tique avant son retrait complet est susceptible de provoquer cette régurgitation réflexe, transformant une tentative d'extraction en un événement à haut risque de transmission. Les traitements antiparasitaires pour chiens ne doivent pas être appliqués aux chats avec les mêmes produits, car cela peut être dangereux.

De même, l'utilisation d'outils non adaptés comme une pince à épiler standard ou les doigts présente des risques majeurs. Le principal danger réside dans la compression inévitable de l'abdomen de la tique. Cette pression physique a le même effet qu'un irritant chimique : elle force le contenu salivaire et digestif du parasite à refluer dans l'organisme du chien. De plus, une traction directe et verticale, sans rotation, augmente considérablement la probabilité de casser la tique, laissant les pièces buccales (le "rostre" ou la "tête") implantées dans la peau. Ces fragments agissent comme un corps étranger, pouvant provoquer une réaction inflammatoire locale, la formation d'un granulome, voire une infection bactérienne secondaire au site de la morsure. Il est donc impératif de s'abstenir de tirer ou de pincer le corps de la tique.

 

 

Précautions à prendre contre les tiques

La prévention des infestations par les tiques et des maladies qu'elles transmettent repose sur une approche intégrée et multimodale, combinant une protection pharmacologique rigoureuse, une surveillance physique systématique et une gestion environnementale adaptée. La dépendance à une seule méthode est une stratégie suboptimale.

La prophylaxie pharmacologique à l'aide de produits acaricides constitue la pierre angulaire de la prévention. Le marché vétérinaire offre une gamme de molécules appartenant à différentes classes chimiques, chacune avec un mécanisme d'action spécifique. Les isoxazolines (ex: afoxolaner, fluralaner, sarolaner, lotilaner) représentent une classe moderne d'ectoparasiticides systémiques qui agissent comme des antagonistes des canaux chlorure glutamate-dépendants et GABA-dépendants des invertébrés, provoquant une hyperexcitation et la mort rapide des acariens et des insectes. D'autres classes incluent les phénylpyrazoles (fipronil), qui bloquent également les canaux GABA, et les pyréthroïdes de synthèse (perméthrine, deltaméthrine), qui agissent sur les canaux sodium voltage-dépendants. Ces molécules sont disponibles sous diverses formulations : comprimés oraux à action systémique, solutions topiques (spot-on) qui se répartissent dans le sébum de la peau, et colliers à libération lente et continue. Les pipettes antiparasitaires s'appliquent sur la peau du chien et diffusent dans son corps pour une protection d'un mois. Le choix de la molécule et de la formulation doit être individualisé par le vétérinaire en fonction du mode de vie du chien, de la pression parasitaire locale, des risques de co-infestations (puces) et des préférences du propriétaire pour assurer une observance optimale.

Cependant, même avec l'utilisation d'un acaricide moderne et efficace, la prévention n'est pas complète sans une inspection physique régulière. La plupart des acaricides systémiques requièrent que la tique s'attache et commence son repas sanguin pour être exposée à la molécule active et être tuée. Bien que cette action soit rapide (souvent en quelques heures), elle n'empêche pas la fixation initiale. Un chien traité peut donc ramener des tiques vivantes dans la maison après une sortie. Ces tiques peuvent potentiellement se détacher avant de mourir et chercher un autre hôte, y compris un humain. Il est important d'inspecter tout le corps du chien au retour de chaque promenade pour vérifier la présence de tiques. L'inspection manuelle et quotidienne du pelage de l'animal reste donc une mesure de santé publique essentielle dans une perspective "One Health". Une attention particulière doit être portée aux zones de prédilection des tiques : la tête, le cou, les oreilles, les espaces interdigitaux, les aisselles et la région inguinale. Il est recommandé de vérifier le pelage de son chien quotidiennement durant la saison des tiques pour maximiser la détection précoce. Il est également important de prévenir les infestations de tiques en utilisant des produits antiparasitaires tout au long de l'année. Il est important de consulter un vétérinaire en cas de symptômes inquiétants après une piqûre.

La protection peut être complétée par l'immunoprophylaxie. Des vaccins sont disponibles contre certaines maladies transmises par les tiques, notamment la maladie de Lyme et la babésiose canine. Il est important de noter que ces vaccins ne préviennent pas l'attachement des tiques ni l'infestation, mais visent à induire une réponse immunitaire protectrice contre l'agent pathogène spécifique après sa transmission. La vaccination est particulièrement recommandée pour les chiens vivant ou voyageant dans des zones à forte endémicité.

Enfin, des mesures de contrôle environnemental peuvent réduire la population de tiques dans l'environnement immédiat du chien. L'entretien régulier des jardins, en tondant les herbes hautes et en éliminant les tas de feuilles mortes, diminue les habitats propices au développement des tiques exophiles comme Ixodes ricinus. Des périodes de vigilance accrue contre les tiques sont au printemps et en automne, lors de la hausse des températures et de l'humidité, car ces conditions favorisent leur activité. Les colliers anti-tiques doivent être portés autour du cou du chien et agissent efficacement pendant 3 mois. Il existe plusieurs méthodes de prévention contre les tiques, comme le toilettage régulier des chiens, qui permet de détecter et d'éliminer les parasites avant qu'ils ne s'installent.

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Bien examiner le chien au retour des promenades

Table 2: Comparaison des Principales Classes de Molécules Acaricides pour le Chien

Classe de Molécule (Exemples) Mécanisme d'Action Voie d'Administration Rapidité d'Action Durée de Protection Spectre d'Activité
Isoxazolines (Afoxolaner, Fluralaner, Sarolaner, Lotilaner) Antagoniste des canaux chlorure (GABA et glutamate) des invertébrés Orale (comprimés), Topique (spot-on) Rapide (tue les tiques en 8-12h) 1 à 3 mois Acaricide, Insecticide
Phénylpyrazoles (Fipronil) Antagoniste des canaux chlorure (GABA) des invertébrés Topique (spot-on, spray) Tue les tiques en 24-48h Environ 1 mois Acaricide, Insecticide
Pyréthroïdes de synthèse (Perméthrine, Deltaméthrine) Modulateur des canaux sodium voltage-dépendants des invertébrés Topique (spot-on), Collier Variable, souvent rapide 1 à 8 mois (selon formulation) Acaricide, Insecticide, Répulsif
Formamidines (Amitraze) Agoniste des récepteurs à l'octopamine des invertébrés Collier, Topique Variable Jusqu'à 8 mois (collier) Acaricide, Répulsif

 

Les tiques accrochées à votre chien

La fixation d'une tique sur un compagnon canin n'est pas un événement anodin ; elle représente une porte d'entrée potentielle pour une multitude d'agents pathogènes. Les enquêtes séro-épidémiologiques menées à travers l'Europe révèlent une exposition significative et géographiquement variable des populations canines à ces pathogènes. Les données agrégées sur plusieurs années montrent des taux de séropositivité moyens de l'ordre de 5-7 % pour Anaplasma spp., 3-4 % pour Ehrlichia spp., et 2-3 % pour Borrelia burgdorferi, avec des pics de prévalence beaucoup plus élevés dans certaines régions endémiques. Ces chiffres confirment que le contact avec ces maladies est un phénomène fréquent. Une attention particulière doit être portée au fait qu'une fois la transmission effectuée, les conséquences cliniques peuvent être graves.

La maladie de Lyme, ou borréliose, est souvent subclinique chez le chien. Lorsque des signes apparaissent, ils incluent typiquement une fièvre, une léthargie et une polyarthrite se manifestant par une boiterie intermittente et changeant de membre. Une complication rare mais sévère est la néphropathie de Lyme, une glomérulonéphrite à complexes immuns pouvant conduire à une insuffisance rénale fatale. La maladie de Lyme se déclare plusieurs mois après la piqûre de tique.

La babésiose (ou piroplasmose) est une maladie parasitaire potentiellement mortelle causée par des protozoaires du genre Babesia qui infectent et détruisent les globules rouges. Les signes cliniques de la forme aiguë sont souvent spectaculaires : fièvre élevée, abattement profond, anémie hémolytique se traduisant par une pâleur des muqueuses, et émission d'urines foncées (hémoglobinurie) dues à la destruction massive des érythrocytes.

L'ehrlichiose monocytaire canine, due à Ehrlichia canis, évolue classiquement en trois phases. La phase aiguë se caractérise par des signes non spécifiques comme la fièvre, l'anorexie et la léthargie. Elle peut être suivie d'une phase subclinique asymptomatique pouvant durer des mois ou des années. La phase chronique, si elle se développe, est grave et associée à une insuffisance médullaire, conduisant à une pancytopénie (déficit de toutes les lignées cellulaires sanguines) et à des manifestations hémorragiques, comme des saignements de nez (épistaxis). L'ehrlichiose est une maladie qui peut être mortelle pour les chiens.

L'anaplasmose granulocytaire, causée par Anaplasma phagocytophilum, présente un tableau clinique aigu similaire à celui de l'ehrlichiose, avec fièvre, léthargie et douleurs articulaires ou musculaires. L'anomalie de laboratoire la plus constante est une thrombocytopénie (diminution du nombre de plaquettes).

Un défi diagnostique majeur réside dans le chevauchement considérable des signes cliniques non spécifiques (fièvre, léthargie, anorexie) entre ces différentes affections. Cette similitude rend un diagnostic basé uniquement sur l'examen clinique hautement incertain. De plus, les tiques peuvent être porteuses de plusieurs pathogènes simultanément, et les co-infections chez le chien ne sont pas rares. Une co-infection peut modifier le tableau clinique, le rendant atypique ou plus sévère. Par conséquent, face à un chien présentant des signes compatibles et une anamnèse d'exposition aux tiques, une approche diagnostique large, utilisant des tests de dépistage multiplex (sérologie et/ou PCR), est indispensable pour identifier précisément le ou les agents en cause et instaurer un traitement ciblé.

Table 3: Séroprevalence et Caractéristiques Cliniques des Principales Maladies Canines à Tiques en Europe

Maladie Agent Pathogène Principal Vecteur Principal de la dermatose chez le chien Séroprevalence Moyenne en Europe (%)* Signes Cliniques Majeurs Principales Anomalies de Laboratoire
Borréliose de Lyme Borrelia burgdorferi s.l. Ixodes ricinus 2-3 % Fièvre, léthargie, polyarthrite (boiterie intermittente), néphropathie (rare) Protéinurie (en cas de néphropathie)
Babésiose (Piroplasmose) Babesia canis Dermacentor reticulatus Variable, >10% dans zones endémiques Fièvre élevée, abattement, pâleur des muqueuses, ictère, hémoglobinurie (urines foncées) Anémie hémolytique, thrombocytopénie, biliribinémie élevée
Ehrlichiose Monocytaire Ehrlichia canis Rhipicephalus sanguineus 3-4 % Phase aiguë : fièvre, léthargie. Phase chronique : pancytopénie, saignements (épistaxis) Thrombocytopénie, anémie (non régénérative), hyperglobulinémie
Anaplasmose Granulocytaire Anaplasma phagocytophilum Ixodes ricinus 5-7 % Fièvre, léthargie, anorexie, polyarthrite, réticence à se déplacer Thrombocytopénie, anémie légère, lymphopénie, morulae dans les neutrophiles

*Pourcentages moyens basés sur des études paneuropéennes ; la prévalence peut être significativement plus élevée dans les foyers endémiques.

Conclusion

La gestion des tiques chez le chien a transcendé le cadre d'un simple acte de soin pour devenir une composante essentielle de la médecine préventive vétérinaire, inscrite dans une perspective de santé globale ("One Health"). L'analyse approfondie de la biologie des vecteurs, de la physiologie de la transmission pathogène et des stratégies de contrôle révèle plusieurs principes fondamentaux. Premièrement, la prévention doit être proactive, intégrée et adaptée aux risques écologiques locaux, reconnaissant que les stratégies efficaces contre les tiques exophiles peuvent être insuffisantes face à un vecteur endophile comme Rhipicephalus sanguineus. Deuxièmement, la technique d'extraction de la tique n'est pas triviale ; elle doit impérativement suivre un protocole mécanique atraumatique par rotation pour éviter le réflexe de régurgitation, un mécanisme physiopathologique central qui contre-indique formellement l'usage d'irritants chimiques ou de compression physique. Enfin, la présentation clinique souvent aspécifique et superposable des maladies transmises par les tiques impose une démarche diagnostique rigoureuse et extensive chez tout animal suspect. Il est bon de garder la trousse de soins du chien régulièrement vérifiée et équipée d'outils adéquats, y compris pour les tiques.

Le domaine de la lutte contre les maladies vectorielles à tiques est en constante évolution, et plusieurs pistes de recherche prometteuses se dessinent pour l'avenir. Une des approches les plus novatrices consiste à déplacer la cible de l'intervention en amont dans le cycle de transmission. Le développement de vaccins anti-microbiote, visant à altérer la flore intestinale de la tique pour la rendre incompétente à la colonisation par des pathogènes comme Borrelia burgdorferi, représente un changement de paradigme. Cette stratégie anti-vecteur pourrait offrir une nouvelle génération d'outils de contrôle. Parallèlement, la surveillance continue de l'émergence de résistances aux acaricides actuels est cruciale. La recherche doit se poursuivre pour identifier de nouvelles molécules avec des modes d'action inédits afin de préserver l'efficacité de l'arsenal chimioprophylactique à long terme. Sur le plan diagnostique, l'amélioration des tests rapides pour différencier une infection active d'une exposition passée et pour détecter plus facilement les co-infections reste un objectif prioritaire. Enfin, la mise en place de systèmes de surveillance intégrés, combinant les données acarologiques, vétérinaires et de santé humaine, est indispensable pour modéliser les risques, anticiper les émergences et déployer des stratégies de santé publique efficaces et ciblées.

 

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