Il s’agit d’une dermatose parasitaire relativement rare. Cependant, selon certains auteurs, elle serait sous estimée. Ceci est notamment lié au fait que dans certains cas des lésions non spécifiques ou un prurit répondant à un traitement insecticide/acaricide sont les seules manifestations de l’infestation. Il est ainsi commun de suspecter une dermatose liée à une infestation par des puces, même sans les isoler, de traiter en conséquence, et de voir disparaître les lésions et le prurit. Ainsi, il est probable que l’utilisation plus systématique de produits anti-puces ait entraîné une diminution de l’incidence de la cheylétiellose. Aux Etats-Unis, il a ainsi été constaté une diminution de l’incidence dans les zones très infestées par les puces. Inversement, dans certains pays où les puces sont rares, notamment le Canada, la cheylétiellose est l’une des principales dermatoses parasitaires rencontrées. Par ailleurs, l’existence de porteurs asymptomatiques accentue cette sous-estimation des cas de cheylétiellose.
Il s’agit de parasites très facilement transmissibles entre animaux de même espèce, surtout entre jeunes. Ceci peut notamment être lié au fait que ces derniers sont moins fréquemment traités contre les puces. De plus, des cheylétielles ont été retrouvées fixées à des puces. Celles-ci pourraient donc constituer un mode de contamination non négligeable entre congénères.
Une transmission à l’homme est possible, surtout de Cheyletiella blakei. Cela serait notamment dû au contact plus important des chats avec leur propriétaire (203). Ils sont alors à l’origine de papules, de pustules et de croûtes sur les bras, le ventre, les cuisses et le tronc. Ces lésions, bien que non spécifiques, doivent faire suspecter une cheylétiellose, si la personne est en contact avec un animal, même si celui-ci ne présente pas de lésions. Chez l’homme, le prurit est régulièrement intense. On estime que le propriétaire d’un chat infesté sur 5 a un risque d’être contaminé (189). Les cheylétielles ne se reproduisant pas chez l’homme, le traitement de l’animal et des congénères est généralement suffisant pour voir disparaître les lésions chez la personne contaminée.
Les adultes, de coloration jaunâtre, mesurent de 300 à 500 µm. Ils possèdent des chélicères courtes et styliformes permettant de traverser la peau pour atteindre la lymphe dont ils se nourrissent. Le rostre très développé porte 2 pédipalpes terminés par un crochet. Ces derniers servent à la fixation du parasite sur les poils. Le corps ovalaire présente un sillon transversal qui sépare les 2 groupes de pattes. Celles-ci sont terminées par une soie, l’empodium, en forme de peigne. Les 2 espèces se ressemblent. Néanmoins, C. yasguri possède un solénidion cordiforme sur le genou des pattes de la première paire, tandis que le solénidion de C. blakei est conique. Ces solénidions sont toutefois difficiles à observer, et la différentiation microscopique entre les 2 espèces est donc souvent délicate. Du fait de la spécificité d’espèce des cheylétielles, le problème ne se pose plus si on sait que le parasite a été prélevé sur un chien ou un chat.
Les œufs sont blancs et elliptiques, non operculés, à coque mince, et ils mesurent 230 X 100 µm. Ils sont fixés sur les poils à leur extrémité, à 2 à 3 mm de leur base, à la différence des œufs de poux qui sont fixés à différents niveaux du poil, sur une grande partie de leur longueur. De plus, les œufs de cheylétielles sont 3 à 4 fois plus petits, et les œufs de poux sont entourés de filaments enchevêtrés qui contribuent à leur fixation.
Cheyletiella yasguri parasite le chien, tandis que Cheyletiella blakei parasite le chat. Il s’agit de parasites très spécifiques, même si des cas anecdotiques de transmission à d’autres espèces ont été rapportés.
Le cycle parasitaire se déroule entièrement sur l’hôte. Il dure environ 1 mois, avec un stade larvaire et 2 stades nymphaux. Ces parasites vivent à la surface de la peau et entre les poils. Ils se nourrissent principalement de débris cutanés. A la différence d’autres acariens, ils ne creusent pas de tunnels. Les femelles peuvent survivre une dizaine de jours dans le milieu extérieur, tandis que les mâles et les stades immatures peuvent n’y survivre que 48 heures. Certains auteurs ont toutefois suggéré qu’ils pourraient survivre plusieurs semaines dans l’environnement. Cela peut expliquer une recontamination de l’animal, et une contamination des congénères ou des propriétaires.
Certains animaux peuvent être porteurs asymptomatiques, et la recherche des cheylétielles est alors motivée par l’observation de papules sur les propriétaires.
Initialement, on observe de nombreuses pellicules , appelées squames en médecine vétérinaire, principalement en région dorsolombaire avec un prurit qui est absent ou assez léger. Des papules peuvent être associées. Par la suite, le squamosis s’étend progressivement sur le reste du corps, et le prurit devient alors plus important. Celui-ci peut être à l’origine d’une alopécie diffuse et de l’apparition d’excoriations.
Ainsi, ce n’est donc pas parce que l’animal ne présente pas de prurit que cela n’est pas une cheylétiellose (149). De même, une séborrhée chronique dite idiopathique doit amener à rechercher des cheylétielles.
Parfois, on isole peu de parasites, alors qu'il y a des démangeaisons très importantes. Cela pourrait s’expliquer par un phénomène d’hypersensibilité.
Chez le chat, il est possible d’observer l’apparition d’une dermatite miliaire, caractérisée par ses lésions papulo-croûteuses ou une alopécie extensive féline. De plus, dans cette espèce, l’évolution est généralement plus lente que chez le chien. Cela serait notamment dû aux habitudes de léchage du chat.
Il est réalisé par la mise en évidence d’adultes, de stades immatures ou des œufs (Photo 6.11). Cela est souvent plus difficile chez le chat, notamment du fait de l’élimination de nombreux parasites par le toilettage quotidien.
Etant donné leur taille, on peut d’abord les rechercher sur l’animal à l’aide d’une loupe. Attention cependant, les cheylétielles peuvent être très facilement confondues avec des squames.
Par la suite, on peut effectuer un brossage de l’animal. De l’avis de certains auteurs, il s’agirait là du meilleur examen complémentaire permettant la mise en évidence des cheylétielles ou de leurs œufs. Les éléments obtenus sont ensuite déposés dans du lactophénol, et observé au microscope à l’objectif 10.
On peut également réaliser un scotch test. La bande adhésive est appliquée sur différentes parties du corps, puis elle est collée sur une lame. On recherche alors les parasites entre le scotch et la lame.
En dernier lieu, il peut être intéressant d’effectuer des raclages cutanés.
Ces parasites ainsi que leurs œufs peuvent également être observés dans les selles de l’animal contaminé (140). On utilise alors une méthode de flottation pour les rechercher. Ils devront être différentiés d’autres œufs, notamment ceux d’helminthes. Exceptionnellement, il est possible d’observer leurs œufs dans les selles alors qu’aucune lésion cutanée, ni aucun parasite n’étaient présents sur l’animal.
Divers acaricides sont utilisables sous forme topique. Cependant, si l’animal n’est pas coopérant, ou si les propriétaires ne peuvent appliquer le produit, le recours à un acaricide systémique peut être intéressant. L’animal, les congénères et l’environnement sont traités.
Il est préférable de tondre les animaux à poils longs ou mi-longs. En effet, cela permet ainsi de retirer mécaniquement un bon nombre de parasites, et cela facilite l’application des topiques acaricides. De même, il est intéressant d’effectuer un shampooing doux avant les traitements systémiques ou topiques, car cela retire une partie des squames, des croûtes mais aussi des parasites et de leurs œufs. La tonte et le shampooing préalable permettent d’accélérer la réponse aux traitements.
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